Blog Fragments d'un voyage au Québec

10/26 – Dimensions démesurées, activités démesurées

Pendant ce voyage dans un pays démesuré, nous avons aussi rencontré des personnes aux activités démesurées. A l’échelle du pays. En début et fin de séjour, nous logeons à Québec chez Thomas jeune ingénieur océanographe français arrivé au Canada quelques années plus tôt. A l’aller nous avons quelques échanges logistiques et il nous donne des idées pour la suite du voyage. Collecte d’adresses, idées de visites ainsi se résument les échanges de notre premier séjour.

Colonie de Fous de Bassan – Ile de Bonaventure – Percé – Gaspésie

C’est au retour, parce que nous étions riches de notre voyage, que l’échange a été plus profond. Discussions autour de nos balades dans les parcs nationaux, du cheminement le long du Saint-Laurent. De l’escapade dans le parc marin de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé à l’extrémité de la Gaspésie. Là où niche une des plus grandes colonies au monde de fous de Bassan ! Chaque été, fidèles à leur territoire, ils reviennent sur l’île pour se reproduire. La légende populaire parle aussi d’une fidélité à leur femelle. Peu habiles sur terre les fous vivent en colonie sur une falaise qui surplombe l’océan. Singulière et assourdissante expérience d’écouter ces plus de 100 000 fous qui crient en même temps ! Souvenir de l’âcre odeur de fientes et des simples barrières qui séparent la colonie des oiseaux des visiteurs. Pourtant notre présence ne semble pas les déranger. Des études menées par le parc marin confirment que leur comportement est le même qu’ils soient proches ou éloignés des visiteurs. Nous parlons à Thomas de notre admiration pour le respect de l’environnement au Québec tant individuel que collectif. Avec un temps d’avance par rapport à la France. Oui et non, répond Thomas. Il évoque L’Erreur boréale un film réalisé en 1999 par Richard Desjardin. Je connaissais le chanteur, pas le réalisateur de documentaires, engagé dans la défense de l’environnement. Le film traite de la mauvaise gestion forestière québécoise qui force le gouvernement libéral à créer une commission d’étude scientifique et indépendante, chargée d’évaluer l’état des forêts du pays. Le rapport final confirme la dramatique surexploitation des forêts et prévoit des mesures afin d’assurer leur survie.

Forêt boréale

Ensuite, ai-je évoqué mon travail lié à la protection des Sites et des paysages pour le ministère de l’Environnement ? Sans doute. Une conversation propice aux confidences de Thomas sur son travail de chercheur à l’université de Laval à Québec. Il parle de sa mission de quatre-vingt-dix-sept jours en juillet et août dernier. Comme chaque été depuis une dizaine d’années, le brise-glace Amundsen transformé en bateau de recherche pour l’occasion part en mission vers les territoires de l’Arctique. L’objectif est d’évaluer l’état de l’océan sur ces territoires les plus touchés par le changement climatique. Thomas est chargé d´assurer le déploiement des instruments de mesure en mer et de veiller à leur bon fonctionnement. A l’université ces mesures sont ensuite collectées, triées, analysées ; des programmes de protection et de conservation de l’océan sont élaborés. L’hiver, l’Amundsen reprend son rôle habituel de brise-glace dans les eaux du Saint-Laurent.

Des photos du bateau, des paysages glacés, des gigantesques icebergs immergés dans des eaux d’un bleu électrique nous font rêver. Aussi la carte de la route empruntée : 3 600 kilomètres d’un voyage au-delà du cercle polaire à travers l’océan glacial arctique, par le passage du Nord-Ouest qui relie l’Atlantique au Pacifique. Longeant le Groenland, l’Alaska et traversant le détroit de Bering.

En Gaspésie, nous rencontrons Jean Roussy, un ancien professeur d’histoire. Il aime raconter, que le 9 avril 1976 au 444 de la rue Gilford à Montréal, il a dit :  » je vais construire un château « . Un an plus tard, il achète à la Pointe-à-la-Croix en Gaspésie deux-cent hectares de terre à dix-sept heures de route de Montréal, où il vit. Tous les étés et pendant les vacances scolaires, Jean Roussy, parcourt sept cent cinquante kilomètres pour édifier son rêve. Aidé par des amis, le premier été, il construit la première tour. Aujourd’hui le château transformé en hôtel et auberge de jeunesse compte vingt-cinq pièces, une grande salle de banquet, quatre tours et sept tourelles. Quelle ne fut pas notre surprise de voir dans la salle qui accueille les voyageurs pour les repas, des affiches des châteaux de la Loire ! Et une du château d’Hautefort situé à dix kilomètres du village d’origine du père de ma compagne de voyage. Curieuse aventure menée par cet homme qui invente une histoire médiévale au Québec. Un voyageur inattentif pourrait se méprendre.

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