Blog Fragments d'un voyage au Québec

7/26 – Le voyage se construit avec ce que nous sommes

Du voyage, Fernando Pessoa écrit : Les voyages ce sont les voyageurs eux-mêmes. Ce que nous voyons n’est pas fait de ce que nous voyons mais de ce que nous sommes. Je n’en avais pas vraiment pris conscience, mais c’est un peu de cette façon que notre voyage s’est construit.

Sainte-Flavie : gîte la Roseraie, chez Carole

Arriver au Québec riches de nos engagements militants du moment dans une ONG relayant les luttes des paysans indiens, brésiliens, africains pour l’accès à la Terre. Penser faire une pause pendant le voyage. Très vite, sans l’avoir imaginé avant le départ s’intéresser tout au long du périple à la question des Peuples Autochtones.

Après la soirée avec Thérèse, d’autres rencontres, des visites de musées ont alimenté ce qui est devenu pendant ce voyage notre quête de la question amérindienne et des Peuples Premiers. Sans pour autant séjourner dans des réserves indiennes. Pas notre truc, ce tourisme solidaire et responsable, cette façon de voyager pour se donner bonne conscience. Sommes-nous passées à côté d‘une expérience autochtone authentique et inoubliable ? Je ne le pense pas. Je crains plutôt une mise en scène artificielle pour donner l’illusion aux touristes de vivre une expérience amérindienne unique.

A Sainte-Flavie dans la région du Bas Saint-Laurent, Carole, veuve depuis peu, parle de son mari Réjean. Il était innu. Enfant il vivait avec sa mère dans la réserve de Kahnawake située à une dizaine de kilomètres de Montréal. Dans les années soixante Réjean et sa mère fuient la réserve pour trouver refuge dans l’anonymat de la grande ville. A Montréal, vivre caché. Pour atténuer le risque et la panique que Réjean soit enlevé. Le soir dans notre chambre, on s’interroge. Oui, c’est bien de ces rafles des années soixante dont Thérèse nous a parlé. Des rafles pour aller chercher les enfants jusque dans les réserves et les placer dans des familles bien blanches.

Carole nous conseille la visite du petit musée des Premières Nations situé à quelques centaines de mètres du gîte. Être bouleversée par les paroles prononcées par Bernard Assiniwi, écrivain québécois algonquin – un peuple qui occupait à l’origine un vaste territoire au Nord du St-Laurent :

Avant l’arrivée des Blancs, nous étions partout en Amérique. Pourtant les explorateurs à la peau pâle et à la barbe raide appellent découvertes des régions que personne n’ignorait depuis des millénaires…

Des paroles qui ont guidé ce voyage.

2 thoughts on “7/26 – Le voyage se construit avec ce que nous sommes”

  1. « Je crains plutôt une mise en scène artificielle pour donner l’illusion aux touristes de vivre une expérience amérindienne unique. » : Malheureusement, c’est le piège inévitable de ces expériences immersives, aller chez un local est le meilleur moyen de s’immerger dans la culture locale, mais elle perd de son authenticité à partir du moment où on entre chez eux puisque finalement, ils sont entre eux en temps normal. Mais pour certains rituels traditionnels, je me dis que c’est peut-être la seule solution pour continuer à les faire vivre…

    1. Mzrci pour ton commentaire Thibaud. Oui c’est sûr, ce n’est pas si simple. J’ai beaucoup réfléchi quand j’ai écrit cette phrase.. Tout dépend aussi de qui accueille. On en reparlera…

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