Blog Fragments d'un voyage au Québec

11/26 – Attraper l’écriture dans un capteur de rêves

Arrivée à ce point du récit je suis traversée de questions. Apparues dès la rédaction des premières lignes, elles se précisent. Comment, huit ans après, rendre compte du voyage ? Pourquoi se lancer dans cette aventure ? Qu’avons-nous compris du Québec pendant ces quatre semaines ? Pas grand-chose, sauf si voyager était être vivante en accentuant sa présence au monde ?

L’écriture du voyage aide à recoller les morceaux, à approfondir la quête de notre voyage. A écrire des bribes de notre compréhension de l’histoire des Peuples autochtones. A se sentir toujours mieux connectée au Monde. A refaire le voyage autrement.

Le voyage me revient en mémoire par fragments. Sans suivre la chronologie du parcours, mais la chronologie n’est pas le sujet du moment. Juste juxtaposer des petits moments qui mis bout à bout font sens, font le récit de notre itinéraire. Parce que, comme le dit Danielle Sallenave de l’usage des carnets : Ce qui me convient tant dans l’usage du carnet, c’est qu’il peut concilier la juxtaposition, le collage, et l’ébauche d’un montage, d’une direction, d’un fil. (…) Ce que le carnet saisit, c’est l’effort de construire.

Écrire ces souvenirs au fur et à mesure de leur réapparition. Un peu comme s’ils étaient attrapés par un capteur de rêves. Un souvenir en appelant un autre, puis un autre, entrecoupés de surfs sur internet pour préciser tel ou tel point. Et ainsi mettre en place une sorte de laboratoire personnel d’écriture et de recherche. Un laboratoire à la fois retranscription aléatoire du temps du voyage et recherche autour de thèmes abordés lors du voyage. Sans se noyer, en ciblant des faits bien précis. Tenter de saisir par exemple la place des Peuples premiers aujourd’hui dans la société québécoise ou dans l’institution que représente le musée, puisque cette question est devenue au fil des jours la quête de notre voyage.

La visite de l’exposition Porter son identité – Porter l’Habit du Musée Mc-Cord de Montréal – musée dont la mission est de contribuer au rayonnement et à la connaissance de l’histoire canadienne – a été un moment clef pour notre tentative de compréhension de la place des nations premières au Canada. Je feuillette les pages de mon carnet de voyage consacré à la visite de cette exposition qui se décline en plusieurs sections :

Porter qui je suis / Porter les étapes de ma vie / Porter ma famille / Porter mon statut /Porter sa culture / Porter ses traditions / Porter ses légendes /Porter son présent / Porter son histoire / Porter son honneur / Porter sa résilience / Porter ses croyances / Porter son univers / Porter le pouvoir de l’animal / Porter le respect spirituel.

A travers leurs vêtements et accessoires, les Premiers Peuples ont constamment tissé des fils entre communauté et spiritualité, entre résistance et résilience, alors que leurs langues et traditions étaient menacées d’extinction, que leurs savoir-faire, leurs croyances et leurs histoires uniques risquaient d’être complètement éradiqués.

Pour les commissaires, qui ont travaillé en étroite collaboration avec un comité consultatif autochtone, il s’agissait d’une exposition pour mieux comprendre comment les Premières Nations, les Inuits et les Métis ont fait preuve d’une résilience remarquable, sachant préserver leurs identités ancestrales et en forger de nouvelles. Comment ils utilisent le vêtement pour exprimer la force et le sens de leurs vies.

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