Blog Fragments d'un voyage au Québec

12/26 –  La nation Kanien’kehá:ka

Huit ans plus tard, en 2022, je constate en surfant sur le site du musée que la présentation de la question des Peuples premiers a radicalement évolué ! Quelle émotion de voir, dès l’ouverture du site, apparaître un pavé orange avec ce texte :

Le Musée McCord est situé sur un territoire fréquenté et occupé depuis des millénaires par les peuples autochtones, lequel n’a jamais été cédé par voie de traité. La nation Kanien’kehá:ka démontre toujours un profond attachement envers ce territoire qu’elle nomme Tiohtiá:ke. Reconnaissant les conséquences désastreuses du colonialisme pour les Premiers peuples, le Musée McCord considère qu’il est de son devoir de contribuer à une meilleure connaissance des cultures autochtones et de soutenir le maintien de leur vitalité.

En poursuivant la navigation je lis que depuis plusieurs années, l’institution est engagée dans une démarche visant à accroître l’accessibilité de la collection Cultures autochtones et à veiller à ce que son rayonnement reflète les préoccupations et les perspectives contemporaines des Autochtones. En février 2020, le Musée a d’ailleurs engagé l’historien Huron-wendat Jonathan Lainey à titre de conservateur des collections Cultures autochtones. En 2014, nous avions eu l’impression que souvent, on parlait à la place des Autochtones.

En 2021, pour les cent ans du musée, une exposition donne directement la parole aux Voix autochtones d’aujourd’hui : savoir, trauma, résilience. L’exposition témoigne des savoirs encore trop méconnus des peuples autochtones, des blessures profondes qu’ils portent et de leur incroyable résilience.

Le point passionnant de cette exposition est qu’elle mêle la présentation d’objets à des témoignages textuels et vidéos de membres des onze nations autochtones du Québec. Les Abénakis, Algonquins, Atikamekw, Cris, Huron-Wendat, Innus, Inuit, Malécites, Micmacs, Mohawks et Naskapis. Une démarche innovante pour sa conception inspirée des méthodes autochtones de compréhension du monde par l’observation. Sa grande force : les deux commissaires sont d’origine autochtone. Un commissaire Innu pour la sélection des objets et une commissaire Huronne-Wendat pour le recueil des témoignages. Il s’agissait pour les commissaires d’amorcer un dialogue pour une meilleure compréhension mutuelle. D’expliquer par exemple que retrouver la santé, mise à mal par l’entreprise d’assimilation qu’ils ont subie, implique de prendre la parole sur les souffrances, ainsi que sur les rêves et les projets garants d’un avenir meilleur.

Les paroles des visiteur.ses prouvent que l’évolution est salutaire :

– C’est vraiment notre histoire vécue à notre façon, présentée comme on la voit nous et je pense que les visiteurs vont vivre cette histoire-là de la manière dont nous la vivons. On se trouve repositionné en tant qu’autochtone : on est face au génie autochtone.

– En tant qu’haïtienne j’ai l’impression d’aller à la rencontre de mes sœurs et frères autochtones.

– C’est présenté par les autochtones, donc il y a un rappel de la culture avant de parler des difficultés du fait de la colonisation… Je ne m’attendais pas à voir autant de destructions si profondes.

– J’ai aimé que les peuples natifs reprennent le narratif, le contrôle. Et ça c’était important pour les peuples marginalisés et opprimés de le faire.

– J’ai beaucoup aimé l’ouverture de partage, de réconciliation de conversation. Je suis fière que l’on ait cette exposition. Que l’on ait trouvé les moyens de faire la route ensemble et de continuer de se raconter.

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