Je ne suis pas d’ici, dit Cathie Barreau l’écrivaine et poétesse lors d’une résidence d’écrivain en Seine-Saint-Denis. Pourtant, à cet instant même je sens que je suis d’ici parce que peut s’éveiller en moi la capacité d’entrer dans le paysage, dans les visages, dans les histoires.
Cette pensée m’a souvent traversée en voyageant dans un pays où je me sens complètement connectée. Un peu comme si j’y avais déjà vécu dans une autre vie, même si je ne crois pas aux autres vies. Cette impression, je l’ai eue à Londres, en Écosse, en Irlande, à Douarnenez, en Corse. Pas en Espagne ni en Yougoslavie. A cause de la barrière de la langue ? Pas sûr, parce que l’Italie…
Se souvenir soudain de cette femme infirmière qui part au travail et nous laisse la jouissance de sa terrasse avec vue sur le Saint-Laurent pour notre temps de picnic, alors que nous n’avons qu’un échange furtif. Vous venez de France ? Je m’en doutais à votre accent. Ça fait tellement plaisir d’accueillir nos cousin.e.s français.e.s en été. Juste le temps de la remercier chaleureusement, qu’elle est déjà dans sa voiture. Allez je file, je suis en retard, mon premier patient m’attend dans cinq minutes. Restez le temps que vous voudrez, profitez de la vue sur le Saint-Laurent ! Qui est-elle cette femme ? A-t-elle une ascendance française ? Pourquoi me revient-elle en mémoire ? Parce qu’elle symbolise l’accueil chaleureux des québécois.es qui sera une constance de ce voyage ? Son visage pourtant n’apparaît pas sur nos photos, seulement la vue sur le Saint-Laurent prise depuis sa terrasse.
