Flâner dans les ruelles de La petite Italie et découvrir une spécificité de la ville, les ruelles à l’arrière des bâtiments. Avoir ainsi un aperçu de l’arrière du décor. Des ruelles sur lesquelles donnent les cours d’immeubles ou les jardins potagers avec fleurs et cabanons. Je me souviens alors des romans de Tremblay qui met en avant le côté latin des ruelles, où on s’interpellait de balcons à balcons. Les ruelles, le lieu de l’enfance, là où les mômes jouent en sécurité, où les cordes à linge sont tendues à travers la ruelle le linge étendu sur toute la longueur du fil à l’aide d’un système à tourniquet. Le jour de notre balade, tout est calme, les habitants sont au travail ou ailleurs et les enfants à l’école. En quelques dizaines de mètres on retrouve les boulevards, le dynamisme et le bruit de la ville.
Dans certains secteurs de la Petite Italie, c’est bonheur de découvrir les ruelles vertes. Je m’aperçois en écrivant ce texte combien en 2014, les villes québécoises étaient en avance sur les françaises. On parle de ruelles sans bitume pour rendre les sols perméables, de l’importance des plantations pour réduire les îlots de chaleur urbain, atténuer les bruits environnants et améliorer la qualité de l’air. Des notions qui sont encore bien difficiles à faire accepter à certain.e.s élu.e.s français.e.s en 2022 ! Alors pendant un long moment, on flâne à la découverte de ces petits morceaux de campagne contrastants avec le bitume de la ville. Des ruelles aux abondantes plantes indigènes, arbustes, plantes grimpantes, aux murs peints de végétation exubérante et aux grands arbres qui forment une voûte ombragée au-dessus de la voie donnant une ambiance particulière à ces ruelles. On a l’impression d’avoir quitté la ville. La température d’un mur plein sud couvert de végétation peut être réduite jusqu’à 17 degrés Celsius nous informe des panneaux. A l’origine de ces renaturations, des riverains volontaires qui désirent se réapproprier l’espace de leur ruelle et ainsi améliorer leur qualité de vie.
Pour trouver un peu de repos après ces longues marches dans la ville, nous retrouvons notre chambre dans une imposante demeure XIXe en briques. Charmante maison avec un superbe escalier en bois sculpté éclairé par des vitraux et des cheminées en pierres ouvragées. Étudiants ou expatriés habitent là quelques semaines avant d’avoir trouvé un appartement ou une colocation. Je me souviens de cette française qui a 15 jours pour convaincre son ami de s’installer au Canada, il rêve de l’Australie. Tout au long du voyage on a rencontré une multitude de français installés au Québec, d’autres qui rêvent de s’y installer.
L’écriture a appelé ce souvenir. Elle en appelle d’autres. Celui de l’échange avec cette Montréalaise dans le salon de l’auberge. Installées dans de confortables fauteuils imitation cuir, nous dissertions sur les couleurs de l’automne. Et là patatrac, une de nos certitudes s’envole : les belles couleurs d’automne des forêts canadiennes, tant vantées dans les dépliants touristiques et dont nous avions guetté l’apparition pendant le voyage, ne durent que quelques jours : Quand il vente et qu’il pleut, tous les arbres du Mont Royal se dénudent et on sait qu’on va être dans la grisaille pour plusieurs mois ajoute-t-elle.