A l’Anse-Saint-Jean, avoir l’impression de se retrouver dans le décor du film la Route de Madison. Au détour d’un virage, apercevoir le pont couvert du Faubourg qui enjambe la rivière Saint-Jean, un petit affluent du fjord. Il donne un cachet champêtre et pittoresque au paysage. Des tableaux d’artistes locaux sont exposés sur les murs intérieurs du pont. En bois dans un camaïeu de gris clair et plus foncé pour la toiture, il est toujours utilisé pour la circulation automobile. Le lendemain je ne serai pas très rassurée de rouler sur son tablier en bois. Petit frère des dizaines de ponts couverts construits au XIXe, au Canada et dans le nord des États-Unis, pour contrer les vents violents qui soufflent en hiver. Sans doute aussi en raison de la neige.
La qualité de ce paysage champêtre est renforcée par la présence d’un petit cimetière installé au milieu d’un pré. Nombreuses croix en fer forgé et pierres tombales verticales éparpillées. Ici aucun plan méticuleux pour aligner les tombes et rationaliser l’espace. Devant certaines pierres tombales des tapis de fleurs multicolores.
En prolongement de la visite du village, une balade nous conduit à travers un petit sentier cheminant dans une forêt de bouleaux et de pins blancs vers un point de vue sur le fjord. L’entrée du parc national du Fjord-du-Saguenay est payante. Ici, ni barrières, ni gardes, le territoire est trop vaste pour rentabiliser le salaire d’un garde à chacune des entrées du parc. On compte sur la civilité du randonneur et sur sa compréhension du dispositif. Inutile de dire que nous avons dû lire et relire les consignes pour bien comprendre.
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Cette civilité des québécois on la constatera plus tard dans d’autres parcs nationaux. Notamment au niveau des toilettes sèches qui jalonnent les sentiers de randonnées. Propreté, respect des consignes, et mise à disposition de papier toilettes et gel pour les mains.
Est-ce le ciel noir rempli de nuages gris intense qui donne cette couleur sombre aux eaux du fjord ? Le guide de voyage tente une autre explication. En profondeur, l’eau froide et salée de l’estuaire du Saint-Laurent, riche en algues microscopiques, lui donne sa coloration verdâtre. En surface, l’eau douce et plus chaude provenant des rivières affluentes et du lac Saint-Jean, riche en tanins, explique sa coloration brunâtre. Pendant ce voyage, une boîte d’aquarelles et quelques pinceaux ne quittent pas mon sac à dos. J’essaie ce mélange de bleu, jaune et une pointe de brun pour arriver à une couleur pas si éloignée de ce que j’ai sous les yeux. Le lendemain l’explication tombe à l’eau ! Soleil et ciel bleu, le Saguenay est d’un bleu roi virant au cobalt selon l’heure de la journée. A nouveau vert brun à marée basse. Quelle surprise de découvrir ces paysages de marais salants et de comprendre que le Saguenay est soumis aux marées. Alors que l’on est à plus de cent kilomètres de la confluence avec l’estuaire maritime du Saint-Laurent.