

Ce pourrait être le 29 mars 2024. La journée internationale des nuages, quand on s’allonge dans l’herbe pour observer les nuages. Ce pourrait être dans un pré de la campagne périgourdine. Ce serait un paysage ouvert, qui laisserait découvrir très largement le ciel. Ce serait un rassemblement initié par l’équipe de l’émission les Pieds sur terre de France Culture.
On y verrait des enfants, des jeunes et des vieux, des femmes et des hommes. Toutes et tous couchés dans l’herbe d’un vert tendre et inspirant. Leurs voix se mêleraient pour dire la carte du ciel dans un joyeux brouhaha :
– Regardez un Cumulonimbus, le roi des nuages, il annonce l’orage, dirait un ancien météorologue.
Sa voisine, un chouïa moins scientifique rétorquerait :
– A côté une tortue. Elle se transforme à toute vitesse. Maintenant je vois un hippocampe.
Une jeune femme à l’accent asiatique prononcé :
– Vous voyez le bateau ? Comme j’aimerais l’emprunter pour rentrer chez moi. Le Japon me manque tellement, j’ai le mal du pays.
– Et cet autre sur la gauche, un peu joufflu comme s’il avait bien profité de la vie ?
Tous allongés dans l’herbe, sauf une. Assise sur une couverture, rigoureusement étirée sur le sol, la femme n’aurait pas voulu s’allonger :
– Regarder les nuages c’est pour les enfants. Pas pour les retraités, nous on regarde le soleil. Je sais pas pourquoi j’ai accepté de participer à ce délire !
Tout de suite on la remarque, la femme allongée sur un drap de soie à la couleur mordorée. A ses pieds délicatement posé sur la couverture, un grand chapeau de toile orné de fleurs séchées :
– Ce nuage très fin est comme de la dentelle. J’ai travaillé dans la mode, et cette finesse me rappelle la soie ou la dentelle.
– Si on essayait d’attraper un petit morceau de nuage pour fabriquer du coton ? Tellement moelleux ce nuage-là. J’aimerais en tirer un fil. Tu vois le petit filament sur la gauche. Elle ferme un œil, tend le bras. Imagine attraper le filament. Le tirer. Et toute la masse du nuage se déroulerait et la recouvrirait.
Un peu à l’écart du groupe, deux enfants camouflés dans les herbes hautes, leurs vélos un peu plus loin :
– C’est lourd un nuage ?
– Non, je ne pense pas, ils sont pleins de vapeur d’eau. S’ils étaient lourds ils nous tomberaient sur la tête ! répondrait sa copine dans un éclat de rire.
Longtemps encore ils resteraient allongés dans l’herbe lisant dans le ciel comme dans un grand livre d’images. Oubliant pourquoi ils étaient là, vivant pleinement ce moment oh combien poétique !
