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Nuages au soleil levant

Au Havre, 43 rue du Grand Quai face au bassin portuaire, au petit matin, un homme observe le port depuis la fenêtre de sa chambre de l’hôtel, l’Amirauté. Au premier plan, le long des quais, des grues, cheminées, écluses. Au second plan, des silhouettes de grands bateaux crachant de la fumée. Le soleil d’un orange pur se reflète à la surface de l’eau. Scintillent des reflets de gris colorés verts, bleus et orangés.

Après une longue observation l’homme, Claude Monet s’exclame :

– Vite mes brosses, mes tubes d’huile, pas de temps à perdre !

Et d’un élan en quelques heures, il peint son chef-d’œuvre, Impression au soleil levant..

Les entend-ils, celles et ceux qui pendant les années à venir parleront de son œuvre ?

Le critique Louis Leroy, en 1874 en découvrant le tableau dans l’atelier de Nadar, se gausse :

– Impression, j’en étais sûr. Je me disais, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans… Plus tard, on s’interrogera : était-ce une critique de ce courant naissant de l’histoire de la peinture, ou un trait d’humour de Leroy qui écrit ces mots dans le journal satirique Charivari ?

Donald Olson, astronome et professeur de physique de l’Université du Texas : – Des études topographiques, iconographiques, météorologiques et astrologiques m’ont permis de dater très précisément ce moment : le 13 novembre 1872 à 7h35 du matin, soit trente minutes après l’aube.

En écrivant ces lignes, je me souviens de mes différentes rencontres avec cette peinture. La première fois, c’était sans doute enfant lors d’une visite en famille au musée Marmottan. Puis ce livre paru dans les années 80, Comprendre l’impressionnisme, un livre feuilleté à maintes reprises, lu et relu. Je me souviens aussi d’une visite à Marmottan dans les années 80 ; de ce jour bien particulier où j’ai vraiment regardé le tableau. Restant un long moment à le contempler. Clignant les yeux pour voir l’eau scintiller. Imaginant Monet agiter ses brosses. Admirant le reflet du port dans les Bassins portuaires. Scrutant la technique des Impressionnistes autorisant les formes et les couleurs incongrues, source d’émotions. Et comprenant ainsi comment, par petites touches, ils peignent le mouvement.

En octobre dernier, un séminaire professionnel me mène au Havre. Un matin en rejoignant le bâtiment des Docks transformé en centre de congrès, je ressens une vive émotion en observant le soleil levant se refléter dans les bassins. Un halo de lumière et des nuages aux couleurs douces jaune et orangé accompagnent ce lever de soleil. En un éclair, j’ai sous les yeux l’impression au soleil levant de Monet, et je ressens profondément les raisons pour lesquelles il a choisi de peindre au Havre et sur la côte d’Albâtre.

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